L'ECHAPPEE BELLE
On l'aura notre échappée belle..
Je suis dans ta roue
Tu prends tout le vent de plein fouet
Tu te tournes vers moi
le visage inondé de cheveux affolés
et tu te mets à rire sans discontinuer
sous le ciel menaçant..
Le coeur bluesy,
serein
je m'étonne et je m'enchante
d'être à ce point vivant..
Nous ne sommes plus très loin
de chez nous
à présent
MELE-ANGES
Laisse-moi te laver doucement les cheveux
Voir ton âme glisser, s'assoupir peu à peu,
Et bientôt s'éveiller aux ondes de ta source
Dans un bain exalté de parfums et de mousses
A tes yeux caressants, laisse-moi m'arrimer
Planter l'ancre enlisée, dans l'instant éternel
Dans l'instant frémissant, de cantiques charnels
Je veux me mélanger aux couleurs que tu crées
Laisse-toi entraîner, aux abysses d’un rêve
Détrempé à ces nuits aux volutes sans trêve
Que j’aime voir tinter à tes grâces réelles
Offre-moi ce qu’aucune n’a songé à donner
Et reçois sous la lune les archanges d’été
Qui nous hissent éblouis jusqu’à l’ultime ciel
ETERNEL INSTANT
Je rêve d’une chambre aux blancheurs épurées
Construction de drapés pris aux reflets de l’ambre
Pris aux flammes qui tremblent à tes yeux magnifiés
Comme fleur de rosée sous l’orage se cambre
Je voudrais déposer dans l’éternel instant
Sur ton ventre troublant ma pudeur insensée
M’enrouler comme un lierre à ton désir brûlant
D’absorber le tonnerre dans un fracas violent
Laisse-moi déployer cette ivresse animale
Qui vient s’abandonner sur ton épaule pâle
Dans ton cou s’engouffrer et s’offrir à trépas
O mourir et renaître comme chat du Népal
Te retourner, te mettre plus de sept fois sous moi
Jusqu’à me reconnaître au plus profond de toi
HOLD UP
J'ai envie d'un hold-up
Envie de te fouiller, de dévaliser ton corps,
venir dans ton dos, te parler sèchement à l'oreille,
te mettre en joug, puis à terre,
t'attacher, t'engueuler
te regarder crier en fermant les yeux sous les coups de pétard
jusqu'à contempler enfin
tout ce liquide sortir du fond des sacs..
CREPUSCULE D'UNE REVERIE
Je t'ai regardée t'endormir dans ton coin..
Dans mes rêveries, il y avait eu des prairies,
des pétales de fleurs mélangés aux pollens,
- papillons rouges et herbes folles -
l'heure calme aux premières déclinaisons du jour..
Des faisceaux de soleil
venaient enrubanner ce gros chêne
où je t'imaginais adossée,
un léger sourire aux lèvres..
Dans les fantaisies du vent
nous nous serions laissés aller
à la douce ivresse de ce havre...
Je t'ai regardée t'endormir dans ton coin..
Dans mes rêveries, il y avait eu des prairies,
des pétales de fleurs mélangés aux pollens,
- papillons rouges et herbes folles -
l'heure calme aux premières déclinaisons du jour..
Des faisceaux de soleil
venaient enrubanner ce gros chêne
où je t'imaginais adossée,
un léger sourire aux lèvres..
Dans les fantaisies du vent
nous nous serions laissés aller
à la douce ivresse de ce havre...
JE T'EMMENERAIS
Je t'emmènerais dans un ranch traire des vaches et regarder des chevaux d'enclos tourner sans fin au milieu de nulle part.
Je t'emmènerais longer des montagnes immenses, partager le silence ébahi et cotonneux d'une contemplation émerveillée.
Je t'emmènerais fumer le cigare offert par un très vieux Cubain en gage de ta beauté.
Je t'emmènerais contre mon épaule sur un chemin de neige et de conifères,
sous un ciel épuré d'azur, dans les rayons déployés du soleil triomphant.
Je t'emmènerais dans les confidences de mes caresses incertaines, lorsque ton grain de peau entrouvre mon âme comme un coutelas divin.
Je t'emmènerais chaque matin dans une rêverie légère pour dégager mon corps empesé de mon lit vide.
Je t'emmènerais chaque jour comme un papillon de songe déposerait les pollens du parfum de ta main.
Je t'emmènerais chaque nuit dresser le trois-mats des recouvrances, déposer la blanche candeur de la gran'voile sur le parfum de mort de mes draps trop froissés.
Je t'emmènerais dans le regard de chacun de ces hommes qui n'ont jamais échoué à jouir de ton corps et d'en abuser comme il se doit.
Je t'emmènerais dans les vertiges du jour, à la pâleur d'une lampe, dans un miroir grimaçant et j'en détournerais mes yeux pour les fermer encore,
alors..
Je t'emmènerais dans une prairie de jonquilles, de coquelicots et de bleuets, à déguster la brise dans les danses irréelles de ta robe diaphane, puis, ivre du chant des oiseaux, sous les branches d'un gros chaine, je m'endormirais pour toujours dans tes bras, bercé par la douceur des soupirs du printemps..
O, dans mes derniers instants, je t'emmènerais sur un ferry pour le bonheur de ton sourire sous un bonnet de laine.
A l'autre bout du quai, on entrerait chez un vieil antiquaire, on sortirait de la poussière quelques boites à musique, abandonnées çà et là par des femmes délestées de rêves trop usés..
Soudain, je reconnaitrais la petite manivelle enfantine que tu m'avais offerte et je me tournerais brusquement vers ton absence.. Bien vite, j'actionnerais le petit bras mécanique pour sentir le crochet acéré de ma nostalgie remonter dans la chair de mes souvenirs..
Alors, depuis mon antichambre vide et sans écho, j'entendrais bientôt remonter les galops de cet enclos perdu au milieu de nulle part...
..où je t'emmènerais..
CE N'EST PLUS MOI
Tu es assise à droite dans la voiture
Le soleil d'été borde la route
Ta fenêtre est ouverte et le vent ricoche à tes cheveux
Tu parles à ton homme
Ce n'est pas moi
Ce n'est plus moi
Quelqu'un sonne à ma porte
Ce visage me dit quelque chose
Tu me dis que je t'ai aimée un jour
Comme jamais je n'avais aimé quiconque
Que nous parlions de prénoms d'enfants en nous tenant la main
Que je te désirais à en devenir fou
Mais ce n'est pas moi, ne sois pas triste,
Ce n'est plus moi..
Tu es assise à la droite de tes enfants
La clarté du soleil d'automne s'est figée sur la nappe
Soudain, tu as comme le pressentiment qu'un être s'en est allé
et l'instant se passe
Tu es bien loin désormais de te demander
si cela aurait pu être moi
Tu es assise à ma droite dans la voiture
Tu passes ta main dans ma nuque
Tu souris
Je regarde la route ensoleillée
et je t'entends chanter
tu ris tendrement
L'azur ne m'aura jamais semblé aussi pur